Palestiniens ou Israéliens : pourquoi choisir ?

Publié le par marine

Pierre de Montalembert est abonné au quotidien Le monde qui, hier, a publié la chronique ci-dessous qu'il avait rédigé et que les lecteurs ont pébliscitée. Pendant des jours, je me suis torturée les méminges me demandant comment traiter ce douloureux sujet sur lequel, il est impossible de trancher franchement, en toute bonne conscience, jusqu'à  renoncer devant une complexité telle que je n'arrivais pas à l'exprimer sincèrement, simplement.

Pierre de Montalembert a su trouver un biais pour énoncer une pensée largement partagée. Aussi, une fois n'est pas coutume, je lui ai emprunté intégralement son texte pour la bonne cause :  

"Est-il possible de refuser de choisir entre deux camps ? Est-il possible de se sentir solidaire de chaque peuple ? Est-il possible de croire qu’Israéliens et Palestiniens ont un égal droit à vivre sur une terre partagée, est-il possible de croire que chacun devra faire des sacrifices ? Prononcer de telles paroles peut-il se faire sans qu’aussitôt n’éclatent des reproches et des accusations ?

Est-il possible de remarquer que les élections qui viennent de se tenir en Israël, quand bien même leurs résultats nous inquiètent, viennent aussi nous rappeler que, le Liban mis à part, aucun des pays limitrophes d’Israël n’est démocratique ? Est-il possible d’affirmer que, même si le réalisme politique imposera sans doute de discuter avec lui, le Hamas se moque de la démocratie et veut instaurer un régime de terreur, méprisant les droits de l’Homme ? Est-il possible de dire que le droit au retour de tous les réfugiés palestiniens serait terrible pour les Palestiniens eux-mêmes, qui devraient accueillir plusieurs centaines de milliers de personnes alors qu’ils vivent déjà dans l’une des zones les plus densément peuplées du monde ?

Mais est-il possible, dans le même temps et avec la même vigueur, de dire que la colonisation, quand elle passe par l’expulsion de Palestiniens et la destruction ou la spoliation de leurs terres, ne fait qu’accroître la rancœur et la colère de tous les Palestiniens, et annoncer de nouveaux drames ? Est-il possible de dire que les hommes et les partis politiques qui brandissent la Torah pour justifier la colonisation confondent théocratie et démocratie, et ce faisant méprisent aussi bien la démocratie israélienne que l’esprit des premiers sionistes ?

Sont-ce là des mots destinés à rester vains, ou à faire scandale ? Est-il possible de louer ces deux peuples et de critiquer ces deux peuples, sans aussitôt déclencher des accusations de complaisance pour l’un des deux camps, de haine pour l’autre ? Est-il possible de dire que la mort d’un enfant juif ne justifie ni n’excuse pas plus la mort d’un enfant palestinien que celle d’un enfant palestinien ne justifie ni n’excuse celle d’un enfant juif ? Est-il possible, face à une victime, de ne pas lui demander son origine avant de la soutenir, face à un assassin, de ne pas lui demander son origine avant de le condamner ?

Est-il possible de ne pas choisir son camp, ou plutôt de prendre le parti des victimes, quelles qu’elles soient ? Ces paroles sont-elles vraiment illusoires et insensées ? Est-ce faire preuve d’angélisme et de mièvrerie que de rappeler ces paroles de Camus : « On ne vit pas que de lutte et de haine. On ne meurt pas toujours les armes à la main. Il y a l’histoire et il y a autre chose, le simple bonheur… la beauté » ?

Publié dans rouge

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
A
Merci pour ce texte.<br /> Anne
Répondre