Sri Lanka : conflit à haut risque pour les civils

Publié le par marine

L’armée cinghalaise tente depuis plusieurs mois de mettre fin au conflit qui les oppose aux rebelles tamoules. Depuis le début de l’année, les combattants du LTTE (Tigres de libération de l'Eelam tamoul) enregistrent des revers cinglants. Les derniers combattants  sont confinés sur une bande de terre de quelques km2 . Dans leur débandade progressive, ils ont emmené avec eux une population civile évaluée à près de 100 000 personnes dont le sort inquiète au plus haut point l’ONU. Sous la pression internationale, le président Sri lankais Mahinda Rajapakse a ordonné, hier, un cessez le feu de 48 heures pour permettre aux civils piégés de quitter la zone des combats. Selon des rapports, une centaine de civils sont tués ou blessés chaque jour. Les Nations Unies et plusieurs ONG accusent les rebelles de se servir des civils comme bouclier humain et l’armée cinghalaise d’avoir pilonné des secteurs peuplés de civils.

 

La tension entre la majorité cinghalaise (74 % des habitants), et la minorité tamoule (environ 15 %) remonte à 1956, le Sri Lanka s’appelait encore Ceylan. Arrivé au pouvoir, le Parti de la liberté (Sri Lanka Freedom Party, SLFP) créé par Solomon Bandaranaïke imposa le cinghalais comme seule langue officielle, accordant la prééminence au bouddhisme, religion dominante des Cinghalais. Depuis, les mouvements séparatistes mènent une guerre ouverte contre les autorités de Colombo. Plus de vingt années de conflit ont isolé les régions à majorité tamoule du nord et de l’est des dynamiques économiques à l’œuvre dans le reste de l’île. Les seules perspectives sont l’émigration ou la lutte armée.

 

Les moines ultra nationalistes qui s’acoquinent avec le pouvoir, attisent les braises du conflit. La défense de l’identité majoritaire cinghalaise bouddhiste et de l’unité de l’île, thème dominant du discours politique du Sri Lanka Freedom Party (SLFP) est repris  par des mouvements plus radicaux, comme le parti de l’Héritage National Cinghalais (Jathika Hela Urumaya, JHU) animé par des moines politiques. Le mythe du bouddhisme pacifiste a du plomb dans l’aile.

La jeune génération tamoule n’a connu que le conflit. Vellupillai Prabhakaran, chef despotique et sanguinaire des Tigres, entré en lutte vingt ans auparavant a fait le vide en massacrant les tamouls susceptibles d’offrir une alternative à la lutte armée. Les norvégiens qui faisaient ce qu’ils pouvaient pour faire négocier les protagonistes viennent de se voir interdire d’exercer leur rôle de médiateur. Selon les agences humanitaires, environ 1.500 civils parviennent chaque jour à fuir les combats, mais doivent pour cela traverser des champs de mines. On estime que 62.000 personnes ont quitté la région depuis janvier.

Environ 52.000 sont retenues dans des camps de transit du gouvernement, où selon les associations de défense des droits de l'homme, elles ne disposent que d'une liberté de mouvement limitée.

 

Pour les rebelles l’issue du conflit semble entendue mais quel sera le sort des civils ?

 

Lire roman de Michael Ondaatje « Le fantôme d’Anil » qui situe son histoire dans les moments les plus noires de ce conflit.

Publié dans Noir

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